Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/156

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cirque de Dieuze par des forces supérieures, était encore obligé dc rétrograder. Le XVe corps lui-même, vivement attaqué du haut des collines boisées, avait dû, à son tour, accentuer son repli de la veille. Sur la gauche cependant, le XXe corps avait foncé, avec un magnifique entrain, sur Morhange et sur les hauteurs de Marthil-Baronweiler. Mais il avait été arrêté par des rafales d’artillerie et avait été forcé de se retirer sur Château-Salins. Le brave 26e régiment, près de qui je retrouvais il y a quelques mois, à Nancy, mes souvenirs de volontariat, avait enlevé à l’ennemi dix-sept voitures de munitions, des chevaux, des bagages ; il avait fait de nombreux prisonniers ; mais ce n’en était pas moins la retraite et la défaite. S’attendant à une pression formidable de l’ennemi, le général de Castelnau avait jugé prudent d’ordonner un repli général. Il s’était rendu de sa personne à Arracourt. Il avait surveillé et discipliné l’écoulement des troupes si cruellement éprouvées. Il avait prescrit que le XVIe corps se rabattrait sur Lunéville, le XVe sur Dombasle, le XXe sur SaintNicolas et Laneuveville ; et que le groupe des divisions de réserve s’accrocherait aux positions fortifiées du Grand-Couronné. Nous étions donc condamnés à laisser échapper le lambeau de Lorraine annexée que nous avions eu momentanément entre les mains, et l’ennemi, pénétrant sur notre territoire, y portait la dévastation et y incendiait Nomény. Au même moment, la 1re année en retraite descendait des hauteurs du Donon et perdait le magnifique observatoire qu’elle était si justement fière d’avoir conquis.

Ce bref et attristant compte rendu du colonel Pénelon ne me laisse guère d’illusions sur les événements