Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/161

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mis en déroute dans la région de Gumbinnen1. En Serbie, les combats ont repris autour de Tzer et se sont terminés par la destruction de plusieurs régiments autrichiens.

Mais ce n’est cependant pas sans émoi que le gouvernement délibère ce matin sur les nombreuses affaires qui lui sont soumises. Ordonnée par le général en chef, notre grande offensive s’est engagée sur la frontière belge et nous attendons avec une impatience croissante des précisions qui ne nous arrivent pas. Il ne nous en faut pas moins régler les questions du jour. Le délai de l’ultimatum qui a été adressé à l’Allemagne par le Japon expire aujourd’hui. Notre ministre à Péking a été interrogé par son collègue japonais, ainsi que notre consul à Hong-Kong par l’amiral anglais, sur notre participation éventuelle à une action contre l’Allemagne en Extrême-Orient, notamment à des opérations contre Tsing-Tao. Le gouvernement décide de s’entendre, à ce sujet, avec l’Angleterre. Le Monténégro parait avoir des velléités d’attaquer l’Albanie et d’occuper Scutari ; il est repris des démangeaisons qui nous ont déjà inquiétés en 1912 et en 1913. M. Doumergue télégraphie à Cettigné pour déconseiller une aventure qui influencerait défavorablement l’Italie et la Turquie. Le nombre de nos fusils modèle 1886 risque d’être insuffisant, si nous voulons armer la réserve de la territoriale et les dépôts. M. Messimy craint que, si nous distribuons des fusils 1874, les hommes qui les recevront se sentent en état d’infériorité. Il y a, parait-il, au Japon un stock énorme et non utilisé de fusils semblables à notre