Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/171

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éléments de notre 33e et de notre 148e régiments avaient victorieusement combattu aux côtés des Belges le 15 et le 16 août et avaient empêché les Saxons de traverser la Meuse ; le brusque afflux de toutes ces troupes a décidé du sort de la bataille ; notre 5e armée, menacée sur le flanc par des forces croissantes, a été complètement paralysée.

De son côté, l’armée britannique est entrée en ligne, dans la région de Mons, et a fait preuve d’admirables qualités militaires, discipline, sang-froid, courage, solidité physique et morale ; mais sa droite s’est trouvée découverte par le repli de notre 5e armée. Les Allemands, encouragés par leurs succès, se sont précipités sur Mons, que les Anglais ont été dans la nécessité d’évacuer. Informé, d’autre part, de nos échecs, le maréchal French a fini par prendre le parti de ramener les troupes britanniques sur la position de Maubeuge. On ne sait encore si le général Lanrezac ordonnera de nouveau à son armée de faire front et de résister ou si, menacé d’être débordé sur ses deux ailes, il ne sera pas réduit à la retraite. Le général Joffre compte qu’il tiendra bon. « Quoi qu’il arrive, me dit le colonel Pénelon, il faut, dès maintenant, renoncer à l’espoir qu’avait conçu le commandement en chef de rejeter les Allemands vers la mer du Nord. Si demain ou après-demain, la reprise de nos opérations ne réussit pas, nous devrons nous préparer à la retraite et à l’invasion. » Où sont maintenant les illusions dont on nous a nourris depuis quinze jours ? Désormais, le salut ne peut plus être que dans la durée de notre résistance. Mais le peuple français, quelquefois si impatient et si nerveux, aura-t-il la force