Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/174

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Il me parait de plus en plus nécessaire d’élargir le cabinet et M. Briand est assurément une des premières forces qu’il importe d’utiliser. J’offre à M. Viviani de le faire venir à l’Élysée et de causer amicalement avec lui. Le président du Conseil hésite encore. Il finit cependant par accepter ma proposition.

Vers midi, il se confirme que le département du Nord est envahi sur plusieurs points. Lille est menacée. Il s’y trouve dix-huit mille hommes de la territoriale, mais, dit M. Messimy, le général d’Amade estime que s’ils essaient de tenir dans une place médiocre, dont le déclassement a été demandé aux Chambres et qui est presque dépourvue de moyens de défense, ils seront écrasés et que la ville sera impitoyablement bombardée. Le général juge, parait-il, préférable de retirer les troupes et de ne pas exposer, sans nécessité militaire, les habitants à un désastre. Le ministre croit devoir l’autoriser à donner cet ordre4.

Cette fois encore, des rumeurs de défaite nous arrivent par l’Angleterre et par la préfecture du Nord avant que le G. Q. G. nous envoie des renseignements précis. C’est seulement dans l’après-midi que nous recevons un télégramme du commandement en chef. Il dissipe nos dernières illusions. Notre grande offensive a partout échoué. Nous avons été rejetés, non seulement sur la frontière