Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/187

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tiendra compte des mouvements des armées voisines, avec lesquelles elle devra rester en liaison. Le mouvement sera couvert par des arrière-gardes laissées sur les coupures favorables du terrain, de façon à utiliser tous les obstacles pour arrêter par des contre-attaques courtes et violentes, dont l’élément principal sera l’artillerie, la marche de l’ennemi ou, tout au moins, la retarder. »

En même temps qu’il se résigne ainsi à l’invasion par nécessité stratégique, le général Joffre tire « pour toutes les armées », dans une autre instruction de ce jour, quelques-unes des leçons qui se dégagent de notre offensive manquée. Le grand quartier-général s’aperçoit un peu tard peut-être, qu’on a trop négligé devant Morhange, dans les Ardennes et à Charleroi, « la combinaison intime de l’infanterie et de l’artillerie », qu’on n’a pas suffisamment préparé par le tir des canons les attaques des troupes, qu’on les a lancées de trop loin et à découvert, qu’on a jeté en ligne des unités trop nombreuses et trop denses, qu’on a eu tort, en un mot, de croire que le courage et l’entrain suffisaient à tout. Ces pénibles constatations ne découragent pas cependant le général Joffre et, d’après ces instructions du 25, l’offensive qu’il prévoit ne doit pas tarder. On amènera par chemin de fer sur la Somme le VIIe corps et quatre divisions de réserve et l’on constituera là, à hauteur d’Amiens, une masse de manœuvre destinée à agir dans le flanc droit des armées allemandes.



5. 25 août, n° 232.


Mercredi 26 août

Pendant que, sur nos frontières de l’Est et du Nord, le sang continue de couler à flots, le sang des