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produisent en Extrême-Orient, et ensuite qu’il en soit prié par le gouvernement britannique9. Les pays scandinaves ne paraissent pas tout à fait d’accord entre eux. Le Danemark se sent à la merci de la grande voisine qui l’a autrefois mutilé. La Norvège a des sympathies déclarées pour la Triple-Entente et elle nous assure, dès aujourd’hui, qu’elle gardera, quoi qu’il arrive, la neutralité10. Mais la Suède ? M. Viviani et moi, avons-nous complètement apaisé à Stockholm le mécontentement qu’elle gardait hier contre la Russie ? Nous craignons qu’il n’y ait, de ce côté, tendance à prendre parti pour l’Allemagne. Par bonheur, le ministre suédois des Affaires étrangères, M. Wallenberg, est un homme sage et avisé. Il a accueilli avec satisfaction l’engagement spontané que vient de prendre le gouvernement britannique de respecter l’indépendance et l’intégrité de la Suède, si elle se confine elle-même dans la neutralité. Nous avons immédiatement donné notre adhésion à la démarche de l’Angleterre et nous demandons à la Russie d’en faire autant, pour permettre à M. Wallenberg de résister à toute pression du dehors ou du dedans11.

À Berne, le Conseil fédéral vient d’arrêter les termes d’une note qui est la réédition de celle de 1870 et qui proclame la neutralité helvétique. La Suisse se réserve expressément le droit d’occuper, en cas de nécessité, la partie neutralisée de la Savoie. Sans doute, le président de la Confédération a fait savoir à notre ambassadeur, M. Beau,