Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/20

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que ce n’était là qu’une clause de style, reproduction littérale des accords de 185912 ; mais la prétention de nos voisins, pour éventuelle qu’elle soit, n’en a pas moins quelque chose de pénible aux yeux des populations savoyardes, si fidèlement attachées à la France. Un ministre et un sous-secrétaire d’État qui les représentent à la Chambre des députés, MM. Fernand David et Jacquier, sont très froissés de voir reparaître, au seuil de cette guerre, une théorie internationale qu’ils tiennent pour inacceptable et pour périmée.

MM. Doumergue et Viviani me communiquent, dans la journée, une proposition russe assez malencontreuse : il s’agirait de promettre dès maintenant à l’Italie le Trentin et Vallona, dans le cas où elle participerait à la guerre contre l’Autriche. Si tentant qu’il soit de détacher définitivement l’Italie de la Triple-Alliance, la garantie singulièrement prématurée que nous lui donnerions ainsi pourrait avoir l’inconvénient de faire, en cas de victoire commune, passer ses demandes avant la restitution à la France des provinces qui nous ont été arrachées par la force. Jusqu’à ce que la guerre nous est été déclarée, nous avons continué à subir silencieusement les effets de la spoliation dont nous avions été les victimes. Mais aujourd’hui que l’agression du gouvernement impérial a elle-même réduit à néant le traité de Francfort, il n’est pas, je crois, un seul Français qui ne veuille soutenir la lutte jusqu’à la complète réparation du passé. Le président du Conseil, le ministre des Affaires étrangères et moi, nous sommes pleinement d’accord à cet endroit. Le gouvernement