Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/194

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Pendant cette série de reculs, nos villes et nos villages, successivement occupés par l’ennemi, sont exposés aux pires dévastations.

Nos échecs, bien entendu, ne nous servent pas dans l’esprit des neutres. Ils sont partout exploités contre nous. M. Maurice Bompard nous télégraphie de Péra7 : « Le gouvernement ottoman est aujourd’hui hors d’état de renvoyer les marins allemands du Gœben et du Breslau, aussi bien que la mission allemande. Seul, un succès caractérisé de nos armes pourrait lui rendre assez d’autorité, en même temps que d’énergie, pour rompre avec les Allemands dont les forces lui imposent tous les jours davantage. »

Les Austro-Hongrois progressent dans le Sandjak8. Les consuls d’Allemagne et d’Autriche cherchent à soulever la population égyptienne contre l’Angleterre et à l’ameuter également contre la colonie française9. À Pétersbourg cependant, M. Sazonoff a dit à M. Paléologue10 que la résolution du généralissime français de renoncer, pour le moment, à toute offensive, paraît excellente à l’état-major russe. On nous conseille de ne nous laisser ni entamer, ni démoraliser, et de réserver toute notre liberté de manœuvre jusqu’au jour où l’armée russe sera en état de porter un coup décisif. Notre attaché militaire, le général de Leguiche, qui vient de passer plusieurs jours sur le front, télégraphie que l’offensive est déjà vigoureusement engagée sur plusieurs points ; il paraît avoir pleine confiance. Faut-il donc croire