Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/193

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leur promets tout mon concours. Seul est absent M. Jules Guesde. Mais M. Marcel Sembat le porte fort pour lui. Il me dit cependant en confidence : « Guesde sera un peu ennuyé de voir Ribot entrer dans la combinaison ; il n’aime ni ses opinions, ni son caractère. Mais, comme il est animé d’une flamme patriotique très ardente, vous aurez vite fait de le rassurer. Vous avez pris sur lui une véritable influence dans la conversation qu’il a eue avec vous et qu’il m’a rapportée avec un réel enchantement. »

Les nouvelles du front ne sont pas meilleures. Les 1re et 2e armées ont fait reculer l’ennemi ; la trouée de Charmes est bouchée ; mais la 4e armée, fortement attaquée sur Sedan et sur Blagny, a replié, la nuit passée, sa droite sur la Meuse. Les Allemands ont envahi l’arrondissement d’Avesnes. Ils se sont portés sur la ligne Cambrai — Le Cateau. Pendant ce temps, l’armée belge, qui a obtenu hier un succès assez important dans la région de Malines et a poussé ses avantages jusqu’à Vilevorde, s’inquiète de notre recul et nous fait dire que si nous nous éloignons d’elle, elle devra, au lieu d’avancer, veiller à sa propre sécurité6.

D’autre part, le maréchal French, qui s’était replié le 25 sur la ligne Cambrai — Le Cateau, a ordonné ce matin de reprendre le mouvement de retraite et, jugeant même impossible de se rétablir derrière la Somme, il a prescrit à ses troupes de se retirer jusqu’à l’Oise. La bataille d’Amiens à Verdun, qu’avait entrevue le général Joffre, va donc fatalement être reportée plus au sud.