Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Norvège qui nous sont favorables, elle fait dire par la rédaction du Vorwaerts qu’elle laissera à la France vaincue son existence et sa dignité et qu’elle conviera toutes les nations européennes, y compris l’Angleterre, à fonder la paix universelle et à créer une fédération contre la tyrannie russe13. Par des intermédiaires suédois, elle insinue auprès des Anglais que les troupes britanniques, égarées par notre direction incompétente, se feront détruire en vain ; auprès des Belges, que nous les avons poussés à la guerre, puis abandonnés, et qu’Anvers est perdu14. À Munich, on a placardé des affiches où est annoncée une prétendue violation de la frontière suisse par les armées françaises. On nous accuse de nous servir de balles dum-dum15. En même temps, de Bucarest et de Sofia, nous sont signalées des arrivées successives d’officiers allemands à Constantinople. Il en est venu déjà cent cinquante environ. Avec les marins du Gœben et du Breslau et avec la mission militaire allemande, ils constituent une petite force organisée, qui achève la mainmise de l’Empire des Hohenzollern sur la Turquie16. Le directeur de la Banque de Commerce de Stockholm, qui vient de faire un voyage à Berlin, a communiqué, à son retour, ses impressions politiques au ministre d’Angleterre en Suède17. L’Allemagne serait résolue à porter tout son effort militaire sur la France, à briser