Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/203

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rapidement notre résistance et à nous offrir la paix à ces conditions : intégrité de notre territoire d’avant-guerre, interdiction de fortifier désormais notre frontière de l’Est, indemnité modérée, compensations coloniales, création d’une principauté neutre entre la France et l’Allemagne. L’Empire se retournerait ensuite contre la Russie. Ainsi on nous a déclaré la guerre, on nous a envahis et l’on nous demandera de laisser dorénavant notre frontière ouverte, d’indemniser l’Allemagne qui a déjà brûlé plusieurs de nos villes, de lui abandonner une partie de nos colonies et, par surcroît, de trahir nos alliés au cours des hostilités ! Il est probable, en effet, que l’Allemagne va chercher dorénavant à dissocier ses adversaires. Aussi bien, pour conjurer ce danger, ai-je déjà plusieurs fois signalé au gouvernement l’intérêt qu’il y aurait à soumettre, le plus tôt possible, à l’Angleterre et à la Russie un projet de pacte par lequel nous nous engagerions mutuellement à ne pas accepter de paix séparée. M. Paul Cambon et M. Paléologue ont été saisis de la question. Sir Arthur Nicolson a déjà donné son assentiment et nous attendons celui de sir Ed. Grey18.

Un télégramme de M. Barrère nous apprend, au contraire, un recul de l’Italie19. Le marquis di San Giuliano a dit à notre ambassadeur : « Le gouvernement royal a reçu d’Allemagne et d’Autriche des assurances qui ont dissipé toutes les inquiétudes que nous pouvions avoir sur les dispositions des Empires du Centre à notre égard. Dans ces conditions, il devient très improbable