Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/205

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j’en ai l’espérance, seront profondément sensibles à la manière dont vous reconnaissez leurs éclatants services. J’ai tout espoir que les vaillantes troupes françaises sauront, en coopération avec nos forces, repousser victorieusement l’ennemi. »

Millerand est revenu ce matin du grand quartier Général. Il y a trouvé Joffre et ses seconds, les généraux Belin et Berthelot, toujours aussi résolus et aussi confiants. À leur conception primitive, qui a échoué, ils en ont substitué une autre qui jusqu’ici s’exécute ponctuellement : retraite générale sur une longue ligne qui s’étend actuellement de la Somme aux Vosges et qui s’abaissera, s’il le faut, vers le Sud, arrêt prochain sur cette ligne en un point qui n’est pas encore fixé et qui dépendra des circonstances, combat sur tout le front et, si possible, reprise de l’offensive. Pour préparer cette nouvelle grande bataille, qui décidera, sans doute, du sort de la guerre, on transporte des troupes de l’Est dans la direction d’Amiens. Nos débarquements s’effectuent méthodiquement. Le G. Q. G. répète qu’il y a eu, au début, des défaillances d’exécution, non seulement dans les troupes de certains corps, mais dans le moyen commandement et parfois chez les commandants de corps. D’assez nombreuses sanctions ont été prises. Dans la quantité, peut-être y en aura-t-il quelques unes de précipitées ou même d’injustes. Mais l’essentiel est de faire sentir la force d’une autorité supérieure partout présente, partout vigilante et partout inflexible. Millerand a même trouvé trop indulgentes certaines des punitions appliquées. Il a prescrit qu’elles fussent étendues et aggravées. À la différence de Galliéni, Joffre ne redoute nullement un raid de cavalerie sur Paris. Il ne croit