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que l’Italie sorte de la neutralité. » Qu’est-ce à dire ? Le marquis di San Giuliano n’a rien confié de plus à M. Barrère. Quelles sont les promesses faites par l’Autriche et par l’Allemagne ? Et aux dépens de qui doivent-elles être tenues ? C’est le secret de ce temple de la prudence et de la sagacité qui s’appelle la Consultà.

…Et cependant l’ennemi approche de SaintQuentin. C’est déjà un 27 août qu’en 1557, cette ville, défendue par Coligny, a été prise par les Espagnols. Va-t-elle le 27 août 1914 tomber, comme en 1870, entre les mains des Allemands ? Et faudra-t-il que les délicieux pastels de La Tour, devant lesquels j’ai passé autrefois, entre deux audiences de tribunal, des heures de rêve et d’enchantement, soient aujourd’hui enlevés par les soldats qui dévastent déjà les villages lorrains ? Mes amis Georges et Henri Cain, qui veillent jalousement sur toutes les richesses d’art de la France, me supplient de faire l’impossible pour sauver ces chefs-d’œuvre. Je fais téléphoner au sous-préfet, au maire, au conservateur du musée. Mais n’est-il pas trop tard pour déménager cette précieuse collection20 ?



11. Projet repris par M. Clemenceau le 4 février 1919 et loi promulguée avec son contreseing à l’Officiel du 21 octobre 1919.
12. Télégramme de M. Paul Cambon et de notre attaché militaire à Londres, 27 août, n° 436.
13. De M. Chevalley, Christiania, 27 août, n° 168.
14. Même télégramme.
15. De Berne, n° 237.
16. De M. Bompard, 27 août, n° 369. De M. de Panafieu, Sofia, 27 août, n° 77.
17. De M. Thiébaut, Stockholm, 27 août, n° 64.
18. De Londres, n° 463.
19. De Rome, 27 août, sans numéro.
20. Il était trop tard. Les pastels ont été trouvés par les Allemands, qui les ont transportés à Maubeuge pendant la guerre, mais les y ont laissés, en 1918, lors de leur départ précipité.


Vendredi 28 août

Le roi d’Angleterre me répond : « Je vous remercie bien sincèrement pour votre aimable télégramme. C’est avec une profonde et reconnaissante satisfaction que j’ai fait transmettre votre haute appréciation au field marshal Frcnch et aux officiers et soldats sous ses ordres, lesquels,