Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/239

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et commandée par le général de Cornulier-Lucinière, serait chargée de défendre le camp retranché contre celles des troupes allemandes qui s’y attaqueraient ; mais toutes les autres armées françaises pivoteraient à l’est, dans la direction nord-est sud-ouest, jusqu’à ce que la 5e armée fût entièrement décrochée et jusqu’à ce qu’elles fussent toutes libres d’agir à la fois. Millerand, n’ayant pu avoir par fil direct la communication téléphonique avec le général Joffre, qui a porté son quartier général à Bar-sur-Aube, lui a envoyé un officier pour lui soumettre les demandes de French et le prier de chercher à se mettre d’accord avec les Anglais.

De nouveau, des avions allemands passent dans le ciel et défient Paris. Des bombes sont jetées sur plusieurs points, notamment aux environs de la gare Saint-Lazare. Un tué et plusieurs blessés, dont un enfant. Les détonations sont entendues du Conseil des ministres, qui siège à l’Élysée.

Le colonel Pénelon arrive du G. Q. G le visage sombre et le sourire évanescent. On paraît moins confiant à Bar-sur-Aube qu’on ne l’était à Vitry-le-François. On essaie de décrocher l’armée Lanrezac, qui est poursuivie par neuf corps allemands et qui se retire vers la Marne. Le mouvement n’est pas terminé. On ne sait encore s’il réussira. Nous sommes serrés de près et les Allemands s’efforcent de nous gagner de vitesse pour nous tourner à l’ouest. Ils paraissent momentanément négliger Parie et n’ont jusqu’ici détaché qu’un corps pour harceler l’armée Maunoury, qui est mise, à partir de ce jour, à la disposition du général Gallieni. Elle compte quatre divisions de réserve et une partie du VIIe corps. Le gouverneur militaire est,