Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/240

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en outre informé qu’il va recevoir la 45e division, venant d’Algérie, et le IVe corps. Il aura ainsi, pense le général Joffre, les moyens de défendre Paris.

Mais le commandant en chef ne croit pas possible d’accepter le programme du maréchal French, armée anglaise s’arrêtant sur la Marne, à condition que la basse Seine soit défendue par l’aile gauche de nos troupes. Il préfère replier toutes les armées françaises, sauf celle du camp retranché, et les ramener au besoin jusqu’à la haute Seine, en les faisant pivoter sur leur droite. Il compte, à la limite de ce mouvement, reprendre une offensive générale. Sous réserve de cette différence de projets, le maréchal French continue sa loyale coopération avec l’armée française. Ses troupes se sont même encore battues hier, et très vaillamment. Elles ont pris dix canons à l’ennemi. Millerand recommande instamment à Joffre d’établir une liaison permanente entre les deux quartiers généraux et aussi de ne pas perdre de vue la nécessité de défendre Paris, nécessité morale, politique et internationale. Mais, me répète le colonel Pénelon, le général en chef croit encore que livrer une bataille immédiate avec l’ensemble de nos armées ou même avec l’une quelconque d’entre elles, serait chose très difficile. Même si l’on n’engageait qu’une partie de nos troupes, il s’ensuivrait, par une conséquence fatale, l’entrée en ligne de toutes nos forces, et aussitôt notre se armée se trouverait dans une situation très embarrassante. Le moindre échec qu’elle éprouverait risquerait de se transformer en déroute. Joffre se contente donc de lancer l’instruction générale n°4, ainsi conçue : « Malgré les succès tactiques obtenus