Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/263

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Dubost, qui parait assez détendu et dont le râtelier, guéri de son énervement, a retrouvé son aspect normal. Le président du Sénat, qui est, au demeurant, le plus brave homme du monde, a pris, sans plus de mauvaise humeur, son parti du décret de clôture.

Quelques minutes après, Viviani et Delcassé m’apportent un télégramme que Millerand leur a prié de me remettre et qu’il vient de recevoir du général Joffre. Le commandant en chef trouve la situation stratégique excellente. Il compte toujours reprendre l’offensive demain. Mais il ne dissimule pas que la perte de la grande bataille qu’il va livrer serait extrêmement grave pour le pays et il voudrait que l’armée anglaise marchât elle-même à fond. Il parait encore avoir quelques doutes à cet endroit. Il nous demande d’insister par voie diplomatique. Delcassé va voir sir Francis Bertie, qui nous a suivis à Bordeaux. Il télégraphie également à Paul Cambon.

Le général en chef ne nous dit rien, ni des instructions complémentaires, si précises, qu’il a envoyées ce matin aux 4e et 3e armées, ni du magnifique appel qu’il a adressé à toutes ses troupes : « 4e armée (de Langle de Cary). Demain, 6 septembre, nos armées de gauche attaqueront de front et de flanc les 1re (von Klück) et 2e (von Bülow) armées allemandes. La 4e armée, arrêtant son mouvement vers le sud, fera tête à l’ennemi, en liant son mouvement à celui de la 3e armée, qui, débouchant au nord de Revigny, prend l’offensive en se portant vers l’ouest. — 3e armée (Sarrail) : la 3e armée, se couvrant vers le nord-est, débouchera vers l’ouest, pour attaquer le flanc (gauche des forces ennemies qui marchent à