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d’être signée ce matin par les Alliés au Foreign Office21 : « Les gouvernements britannique, français et russe s’engagent mutuellement à ne pas conclure de paix séparée au cours de la présente guerre. Les trois gouvernements conviennent que, lorsqu’il y aura lieu de discuter les termes de la paix, aucune des puissances alliées ne pourra poser des conditions de paix sans accord préalable avec chacun des autres alliés. » Cette déclaration est publiée à Londres aujourd’hui. Sans doute, nous nous lions, mais nous lions les autres. Nous sommes tous engagés sauf forfaiture et trahison ; si nos conditions de paix ne sont pas dès maintenant acceptées, nous nous réservons de discuter celles des autres, et comme nous savons que les nôtres seront modérées et raisonnables, comme nous ne songeons pas à des annexions, mais à de simples restitutions, cet accord présente pour nous, au total, plus d’avantages que d’inconvénients.

Pendant que Viviani est dans mon cabinet, Marcel Sembat m’amène un de ses jeunes collègues socialistes, Albert Thomas, dont les yeux pétillent d’intelligence derrière le lorgnon et qui joue de ses longs cheveux bruns comme d’un éventail à plumes. Le ministre des Travaux publics propose d’envoyer à Paris cet habile diplomate pour ménager à M. Paul Doumer la bienveillante neutralité de ses coreligionnaires politiques. Viviani approuve l’idée de Sembat et remet à Albert Thomas un mot d’introduction pour le général Gallieni.

Vers cinq heures du soir, visite d’Antonin