Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/274

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M. et Mme Millerand, M. Aristide Briand. Après le repas, Viviani et Briand me prennent à part pour me confier qu’ils sont très déçus par Delcassé et qu’ils se demandent s’il n’est point malade. Il ne paraît plus, disent-ils, au courant des affaires et, en Conseil, il se noie au milieu des télégrammes. Autrefois, dans les divers gouvernements dont il a fait partie, il n’était pas très prodigue en explications. Même en 1912, lorsqu’il était ministre de la Marine, il nous étonnait souvent par sa taciturnité. Mais, du moins, on comprenait alors, à ses rares observations, qu’il était admirablement renseigné et qu’il dirigeait magistralement ses services. Aujourd’hui, sa capacité de silence a encore augmenté et, quand d’aventure il parle, il paraît perdre le fil de ses idées. Viviani et Briand regrettent tous deux que M. Doumergue lui ait si aisément cédé la place. Moi-même, qui ai la plus grande estime pour Delcassé, je le trouve, en ce moment, je l’avoue, un peu déprimé, sans que je puisse, d’ailleurs, discerner la cause de cet état anormal.


Mardi 8 septembre

Les nouvelles ne sont pas mauvaises. Nous recevons copie de ce télégramme envoyé ce matin par Joffre à Gallieni : « Commandant en chef à gouverneur militaire Paris, n° 4262. La situation générale est bonne. L’offensive allemande est arrêtée sur tout le front et à notre gauche nous gagnons sensiblement du terrain. »

Successivement, nous arrivent des renseignements complémentaires. La 1re armée ennemie a dû se replier devant les Anglais et devant nous. Le IIe corps allemand de l’active et le IVe de réserve