Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/275

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ont été rejetés sur la rive gauche de l’Ourcq. Notre aile gauche, en progressant, a fait des prisonniers et capturé des mitrailleuses. L’artillerie lourde allemande paraît manquer d’obus explosifs et ne tire plus qu’avec des projectiles ordinaires.

La 7e division, envoyée par Joffre à Gallieni, a débarqué à Paris dans la journée d’hier. Pour la transporter plus vite sur le front de notre 6e armée, dont l’aile gauche est menacée par de fortes colonnes allemandes, le gouverneur a réquisitionné des centaines de taxis-autos, que leurs chauffeurs civils ont eux-mêmes consenti à conduire et qui ont transporté les troupes à Gagny et à Tremblay-les-Gonesse.

Nous avons intercepté plusieurs messages allemands de T. S. F., qui paraissent indiquer chez l’ennemi de la fatigue et même du désarroi. Ils signalent que, du côté de Chantilly, la cavalerie française empêche toute attaque contre Paris. La division Cornulier-Lucinière, qui n’a pas cessé d’être engagée depuis le 5 septembre, a, en effet, reçu l’ordre de gagner, sur l’Ourcq, les derrières de l’ennemi et de s’avancer, aussi loin que possible, à travers les forêts de Retz et de Villers-Cotterets.

Il y a malheureusement encore eu de petites frictions entre les commandements anglais et français. Joffre croit que Kitchener a dû donner à French, à la suite de notre démarche diplomatique, des ordres trop impératifs qui ont froissé l’amour-propre un peu chatouilleux du field marshal et, pour calmer les susceptibilités de celui-ci, il prie Millerand de faire envoyer par le ministère de la Guerre britannique de nouvelles félicitations à