Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/298

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la plus sûre façon de battre l’Autriche n’était pas de commencer par battre l’Allemagne.


Dimanche 13 septembre

J’insiste encore auprès du Conseil des ministres pour aller le plus tôt possible au quartier général, sur le front et dans les départements qui viennent d’être ravagés par l’invasion. Comme je me heurte à de nouvelles réponses dilatoires, je déclare que, si l’on tarde davantage à ratifier mon projet, je romprai avec l’usage qui veut que, dans tout déplacement officiel, le président soit accompagné d’un ou plusieurs ministres, et que je ferai seul, sans l’autorisation et sans le concours du gouvernement, des démarches que je crois indispensables. Cette menace de petit coup d’État ne soulève pas de protestations, mais elle cause quelque surprise et, chez certains, un peu de gêne.

MM. Viviani, Ribot et Thomson me soumettent, d’un commun accord, un rapport financier très important. Le Trésor a besoin de ressources et il ne peut, ni les demander uniquement à la Banque de France par une augmentation continue de la circulation fiduciaire, ni les chercher dans des accroissements d’impôts dont le gouvernement croit, au cours des hostilités, très difficile d’assurer le recouvrement, alors qu’un grand nombre de contribuables sont mobilisés. M. Ribot juge donc inévitable de recourir à l’émission d’emprunts à court terme. Le montant des bons du Trésor ne dépasse pas, en ce moment, 350 millions de francs. Il est très inférieur au chiffre qu’il pourrait atteindre. Le ministre des Finances propose de mettre ces bons à la portée du public, en émettant des coupures de mille, de cinq cents et même de