Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cent francs, et en les faisant placer par les comptables. Il est, en outre, convenu que, pendant toute la durée de la guerre, ces bons auxquels tous les Français sont invités à souscrire, s’appelleront bons de la Défense nationale. À cet effet, je signe un décret que contresignent, avec M. Ribot, MM. Viviani et Thomson.

L’après-midi je visite dans Bordeaux plusieurs hôpitaux où sont soignés des milliers de blessés. Je cause avec ces braves gens, qui sont tous merveilleux de courage, de confiance et de bonne humeur.

Le colonel Pénelon vient me remettre les deux derniers drapeaux enlevés à l’ennemi. Ils sont déposés à la préfecture sous la garde de mes officiers.

Joffre nous télégraphie que notre victoire « s’affirme de plus en plus complète et éclatante. Partout l’ennemi est en pleine retraite, même devant nos 1re et 2e armées (Lorraine et Vosges) auxquelles il résistait depuis près d’un mois. Partout les Allemands abandonnent prisonniers, blessés, matériel. Nos avant-gardes talonnent l’adversaire sans lui laisser le temps de se reconstituer. À notre gauche, nous avons franchi l’Aisne en aval de Soissons, gagnant ainsi plus de cent kilomètres en six jours de lutte. Nos armées, au centre, sont déjà au nord de la Marne ; nos armées de Lorraine et des Vosges arrivent à la frontière… Le gouvernement de la République peut être fier de l’armée qu’il a préparée ».

Le général Gouraud, qui revient de Rabat et qui part immédiatement pour le front, m’apporte, à son tour, deux drapeaux marocains, pris à des tribus rebelles qui ont fait leur soumission. Il brûle