Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/327

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le jour où serait évacué par l’ennemi le territoire national, y compris même l’Alsace-Lorraine, et qu’il devait se montrer aussi résolu que la Russie à en finir avec l’hégémonie du militarisme prussien. Delcassé a été chargé de télégraphier en ce sens à Petrograd.

Le président Woodrow Wilson vient de répondre à la protestation que je lui avais envoyée télégraphiquement contre l’accusation d’employer des balles dum-dum. Le grand arbitre ne se compromet point : « J’assure Votre Excellence, me dit-il, que je suis pénétré de l’honneur que vous faites aux États-Unis, en vous tournant vers eux en ce temps de crise, comme vers une nation qui a horreur des pratiques inhumaines dans la conduite de la guerre. En cela, votre confiance dans le peuple et le gouvernement des États-Unis n’est pas déplacée. Un temps viendra où ce grand conflit sera terminé et où la vérité pourra être impartialement établie. Quand ce moment sera venu, ceux qui porteront la responsabilité d’avoir violé les règles de la guerre entre peuples civilisés, si ces violations ont eu lieu, et qui auront élevé de fausses accusations contre leurs adversaires, ceux-là auront à supporter le poids du jugement de l’univers. » Mais sur quelles pièces ce procès sera-t-il jugé ? Et qui nous dit qu’une propagande perfide, comme celle dont nos agents diplomatiques nous envoient chaque jour des exemples stupéfiants, ne parviendra pas à égarer l’opinion de cet univers dont Wilson attend sans impatience un verdict désintéressé ? Or, le journal le Tag, de Berlin, a reproduit, dans son numéro du 10 septembre, une photographie des paquets de cartouches trouvés à Longwy et présentés par les Allemands comme contenant des