Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

balles dum-dum. C’est la découverte de ces paquets qui a servi de prétexte à toute la campagne allemande. Mais de la simple inspection du dessin, il apparaît avec évidence qu’il s’agit de cartouches sans force de pénétration, préparées pour les tirs réduits du stand et complètement inutilisables sur un champ de bataille. Dès que les autorités allemandes se sont aperçues que la publication du Tag démentait leurs allégations calomnieuses, elles ont retiré et détruit les numéros parus ; mais un exemplaire est tombé entre les mains de notre consul général à Genève, qui nous l’a envoyé. Delcassé prévient de cet incident significatif tous nos représentants à l’étranger. M. Wilson lui-même sera donc renseigné par M. Jusserand.

Le comte Sabini, l’attaché commercial italien qui s’est si activement démené, il y a quelques semaines, autour de M. Clemenceau et de moi, est allé trouver M. Barrère à Rome7. Il a donné à notre ambassadeur l’impression très nette qu’il était au courant des négociations secrètes engagées par l’Italie à Vienne et à Berlin. Il a affirmé que l’Autriche-Hongrie avait promis au marquis di San Giuliano le Trentin et la prépondérance en Albanie, si l’Italie restait neutre, et il a laissé entendre que, malgré ces offres, l’Italie sortirait certainement de la neutralité, si la France consentait à une rectification de frontière en Tunisie. M. Barrère a trouvé aussi obscures que compliquées les intentions de son interlocuteur et a jugé bon de se tenir dans une réserve expectante.

M. Bratiano, partisan d’une intervention immédiate de la Roumanie, est allé au château de Sinaïa,