Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À notre droite, le général Sarrail aurait, à en croire le G. Q. G., commis une lourde faute. Il aurait voulu monter vers le Nord et forcer les lignes que n’avait pu franchir le général de Castelnau. Il n’y a pas réussi et, comme il n’avait laissé sur les Hauts-de-Meuse, à l’est de Saint-Mimel, qu’une division de réserve, les Allemands ont progressé jusqu’aux abords de la ville. Les apaisements que le G. Q. G. m’avait encore donnés hier se trouvent donc, une fois de plus, contredits par les faits. Voilà ma pauvre Meuse de plus en plus envahie par l’est, comme elle l’a été par le nord.

En Conseil, Millerand pose la question dont l’a saisi le général Joffre au sujet de la nomination d’un adjoint. Tous les ministres reconnaissent que le choix de Foch, soit comme collaborateur immédiat, soit comme successeur éventuel, serait excellent et qu’il n’est pas possible d’écarter la proposition du généralissime. Mais la plupart d’entre eux estiment qu’il convient de ménager les légitimes susceptibilités de Gallieni. Comment lui retirer, sans le blesser, la lettre de service qu’il détient ? Et d’autre part, comment le laisser simple gouverneur de Paris, si Paris se trouve bientôt à l’abri de toute menace ? Millerand pense avec raison qu’il devra régler l’affaire verbalement avec Joffre et avec Gallieni. Il admet donc maintenant que nous ne devons plus ajourner notre visite au quartier général ; et il le dit au Conseil, qui, tout entier, se range à notre avis.

Et voici que recommencent les recherches de missions par les députés, anciens ou futurs ministres. M. Couyba, qui a pris galamment son parti d’avoir perdu son portefeuille, est ravi que M. Bienvenu-Martin l’occupe à surveiller le ravitaillement