Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/335

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que j’avais prié de distribuer en mon nom quelques secours personnels, m’envoie cet émouvant télégramme : « Nos malheureux compatriotes des villages incendiés et détruits ont trouvé refuge et assistance à Commercy et à Saint-Mihiel. Ils me chargent, ainsi que notre patriotique population tout entière, de vous transmettre leurs remerciements et de vous assurer de leur inébranlable confiance dans le gouvernement de Défense nationale. Vive la France ! » Ah ! les braves gens, qui, au milieu de leurs ruines, songent plus à nous envoyer leurs encouragements qu’à nous demander notre soutien !

Dans la soirée, nous apprenons que la bataille est engagée entre Noyon et Péronne. Toute l’armée Castelnau est en pleine action de l’Oise à la Somme, avec des alternatives d’avance et de recul, dont l’amplitude va diminuant comme le mouvement d’un balancier qui tend à se fixer.


Vendredi 25 septembre

Le colonel Pénelon vient me voir dans la matinée, beaucoup moins rassuré que ces jours-ci. Cette bataille qu’on avait, nous disait-on, imposée à l’ennemi dans des conditions très favorables pour nos armes, on espère encore la gagner ; mais on n’en attend plus qu’un résultat médiocre. On compte seulement que l’armée Castelnau prendra Saint-Quentin et qu’elle gênera ainsi les communications des Allemands avec la Belgique. L’ennemi se retirerait alors, non plus aussi loin qu’on l’aurait pensé, mais sur le canal, derrière Saint-Quentin et à l’est de cette ville. Ce ne serait donc, au total, qu’un bien faible avantage, et chèrement payé.