Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/348

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Mardi 29 septembre

Le colonel Pénelon, qui me traduit l’état d’esprit du G. Q. G., perd chaque jour une illusion. Il craint maintenant qu’aucune décision n’intervienne et que nous ne soyons condamnés à poursuivre désormais, devant les tranchées ennemies, une longue guerre de siège. Nous avons encore renforcé notre aile gauche. Le IIe corps essaie aujourd’hui de débarquer dans la région de Thiepval, mais il se heurte au promontoire où sont établis les Allemands et il est arrêté net. Le Xe corps, prélevé sur la 3e armée, vient se placer à la gauche du IIe. D’autres renforts encore arrivent ou vont arriver, les divisions de réserve Barbot et Fayolle, la 8e division de cavalerie, bientôt. le XXle corps. Comme la 2e armée se trouve, par suite, disposée sur un front considérablement élargi, le général de Maud’huy, Messin et chasseur à pied, est chargé, par ordre de ce jour, de commander, sous l’autorité du général de Castelnau, un détachement de cette armée. Les Allemands renforcent, eux aussi, leur droite et se retranchent dans des positions très solides au nord de la Somme et entre la Somme et l’Oise.

Joffre s’est arrêté à l’idée de faire venir des troupes sur le flanc de l’ennemi par Dunkerque et par le Nord. Millerand va demander au Havre les batteries qui s’y trouvent et les 30 000 territoriaux qui s’y croisent les bras.

Un intermède. Je reçois le sultan déchu du Maroc, Abd-el-Aziz. Je l’ai déjà vu, il y a deux ans. au Quai d’Orsay, lorsqu’il est venu faire en France, particulièrement au Maroc, des escapades qui ont tourné au scandale. C’est un Marocain très brun, aux dents blanches et à la peau violemment