Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous allons en sa compagnie visiter les secteurs nord et nord-est du camp retranché. Il nous montre, avec une satisfaction justifiée, les améliorations importantes qu’il y a réalisées en quelques semaines. Les territoriaux ont très bonne allure et sont beaucoup mieux exercés. Des batteries de forteresse et des batteries de marine ont été installées dans des positions bien choisies et convenablement masquées. L’une d’elles, voisine du fort d’Ecouen, a été placée en plein bois, dans une petite clairière ouverte à cet effet et cachée aux avions par de grands arbres. Je félicite les bons territoriaux de leur travail et je vois, à leur air enchanté, que les encouragements du chef de l’État gagneraient, pour nos soldats, à leur être adressés directement et à ne plus leur venir d’aussi loin que Bordeaux. La population de la banlieue me reconnaît et me fait un chaleureux accueil sans paraître me tenir rigueur d’une absence qu’elle ne doit cependant pas s’expliquer.

Gallieni nous parle des événements militaires d’une manière très impartiale et tout objective. Il ne présente qu’une critique : il trouve le front trop étendu pour un seul commandement. Il paraît désirer que l’on constitue deux armées distinctes, dont l’une serait placée sous ses ordres. Mais ce morcellement des troupes et ce dédoublement de l’autorité n’auraient-ils pas plus d’inconvénients que d’avantages ?

Je rentre vers midi à l’Élysée désert et presque démeublé. J’y trouve le colonel Pénelon, qui m’apporte, une fois de plus, des renseignements favorables. Des radios interceptés montrent le général de Marwitz et sa cavalerie réduits à la défensive. Dans la région de Roye, au nord-est de Montdidier,