Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/379

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Groussier, socialiste, qui continuent à donner chaque jour, dans une action fraternelle, l’exemple de l’union sacrée.

En fin de journée, j’envoie aux Invalides, suivis d’un détachement militaire, les six drapeaux allemands qui m’ont été remis à Bordeaux et que j’en ai fait rapporter. Le général Niox en prend possession et les range soigneusement dans la chapelle, parmi les trophées anciens dont nous sommes depuis si longtemps déshabitués. Je reçois à l’Élysée M. Klotz, en tenue de chef d’escadron, M. Paul Doumer et M. Galli, député de Paris. Ils me font tous trois un grand éloge de Gallieni, qu’ils ont vu à l’œuvre, et me parlent avec admiration de la population parisienne, dont le calme ne s’est pas un instant démenti.


Jeudi 8 octobre

Il faut cependant que je m’éloigne de nouveau, puisque le gouvernement est resté à Bordeaux et qu’il m’y attend pour reprendre, sous ma présidence, la série interrompue de ses conseils. Mille-rand et moi, nous repartons, dès le matin, en automobile. Je suis très affligé de ce second départ, moins triste, sans doute, que le premier, mais plus inexplicable. Nous déjeunons à Tours, avec le général Poline, et nous nous arrêtons à Barbézieux, pour y voir M. Gérald, député, qui vient d’être blessé dans un accident d’automobile. Vers huit heures du soir nous arrivons à la préfecture de Bordeaux. J’apprends un peu plus tard que le colonel de gendarmerie Jouffroy, qui a porté les drapeaux allemands à Paris et qui est revenu en Gironde derrière moi, se trouvait dans une automobile conduite par un territorial, quand, à vingt