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Mardi 13 octobre

M. de Broqueville et ses collègues ont débarqué à Dunkerque, d’où ils vont se rendre au Havre. Ils m’adressent un télégramme de remerciements, auquel je réponds que nous sommes fiers d’accueillir sur notre sol le gouvernement du noble peuple qui défend avec tant d’héroïsme son indépendance nationale et le droit public outragé.

Au moment où nous accueillons en France ces grands exilés, nous n’avons à leur offrir que des gerbes de nouvelles médiocres. Nous nous battons presque partout, mais pour de chétifs résultats. Sur leur front oriental, les Allemands sont arrivés à quinze kilomètres de Varsovie ; la colonie française a dû évacuer la ville. Les autorités civiles russes se sont elles-mêmes retirées17. Où sont les espérances dont nous avait fait part, il y a quelques jours, le grand-duc Nicolas ?

À Bucarest, le roi Ferdinand, successeur de son oncle Carol, vient de prêter serment à la constitution devant le Parlement. L’accueil chaleureux qui lui a été fait et les applaudissements qui ont souligné certaines de ses déclarations, notamment un passage où il promet de servir le pays en bon Roumain, ont donné à notre ministre, M. Blondel, l’impression très nette que les représentants de la nation ne désirent pas se séparer de la dynastie, mais qu’ils tiennent à ce que la dynastie s’inspire des intérêts et des aspirations de la Roumanie. La reine Marie, qui est Anglaise de naissance et dont les sentiments favorables à la Triple-Entente sont connus, a été l’objet de manifestations enthousiastes dépassant de beaucoup celles qui s’adressaient au roi18.



17. De Petrograd, nos 735, 736, 737.
18. De Bucarest, 12 octobre, n° 174.