Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/397

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avancé, près de Bislée, devant Saint-Mihiel, sur les pentes de la colline que couronne le Camp des Romains. Nous avons insensiblement progressé près de Reims, dans la région de la Pom-pelle, ainsi qu’entre Lens et Béthune. Mais, en retour de ces succès minuscules, le fortune avare nous inflige un grave revers : de Gand, les Allemands ont marché sur Ostende et s’y sont établis.


Samedi 17 octobre

Les étudiants de l’Université de Glasgow songent à m’élire Lord Rector. Jusqu’ici, paraît-il, aucun étranger n’a reçu cette dignité. Les titulaires précédents ont été, entre autres, lord Beaconsfield, lord Rosebery, Mr. Asquith, Mr. Balfour. Le mandat conféré par le vote des étudiants est de trois années. La seule charge qu’il comporte est une visite à l’Université et un discours de remerciements. J’ai accepté le titre qui m’était offert et j’ai dit de loin à ces jeunes Écossais combien j’étais touché de leur pensée. Mais quand me sera-t-il donné d’aller leur offrir au hall Saint-Andrew un témoignage plus direct de ma reconnaissance ?


Dimanche 18 octobre

L’Allemagne annonçait il y a huit jours que le nombre des prisonniers français était de 63 000. Le chiffre qu’elle donne maintenant est de 115 000. Je n’arrive pas à savoir s’il est exact. D’après l’estimation de notre G. Q. G., nous n’aurions en France que 40 000 prisonniers allemands. Comment expliquer un tel écart ?

Au nord du canal de la Bassée, les troupes franco-anglaises viennent d’enlever Givenchy, Lorgies, Illies, Fromelles, Armentières ; mais, en face des