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CHAPITRE IX


Dans le camp retranché de Paris. — Rencontre avec lord Kitchener à Dunkerque. — Foch et le maréchal French. — Visite au roi des Belges. — À Cassel et à Bruay. — Aux armées de Maud’huy et de Castelnau. — Nouveau séjour à Bordeaux. — Rupture avec la Turquie. — Le matériel d’artillerie et l’aéronautique. — La bataille des Flandres. — Nouveau départ de Bordeaux.


Jeudi 29 octobre.

Parti hier soir de Bordeaux, par chemin de fer, avec MM. Ribot et Marcel Sembat, ministres des Finances et des Travaux publics, je suis arrivé ce matin à la gare des Invalides et j’ai immédiatement gagné l’Élysée, toujours démeublé, désert et mélancolique. L’affectueuse Babette, ma briarde aux longs poils, m’a fait avec allégresse les honneurs de la maison.

Dans mon cabinet retrouvé, je reçois successivement les visites du gouverneur militaire et du préfet de la Seine. Le général Gallieni me paraît, en ce moment, incliner quelque peu à la critique. Mais ses observations méritent, malgré tout, de retenir l’attention du gouvernement et la mienne. Il trouve, me dit-il, le front trop étendu, notre rideau de troupes trop faible, « de la dentelle ». Il est convaincu que les Allemands amèneront encore en France des forces considérables. Comme je réponds que nous sommes bien obligés, tant que les Alliés n’ont pas de plus gros effectifs,