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candidature. Ils prétendent que Maeterlinck représente l’esprit allemand plutôt que le génie français, et ils rappellent, en outre, — peut-être même est-ce là leur objection principale, — que certains de ses livres ont été mis à l’index. Si l’élection ne peut être faite à l’unanimité, mieux vaut certainement renoncer à l’idée que nous avions eue et ne pas offrir à la Belgique un hommage discuté.

À la fin de la journée, M. Gaussorgues, vice-président de la presse parlementaire, me dit qu’à la Chambre, où rôdent quelques députés inoccupés, on me reproche d’avoir employé ma première journée parisienne à des futilités académiques. Peut-être a-t-on raison. Mais l’austère constitution ne m’autorise pas à me promener dans les couloirs du Palais-Bourbon. Et puis le manifeste des 93 n’est peut-être pas une futilité si négligeable.


Vendredi 30 octobre

Avec Marcel Sembat, ministre des Travaux publics, je vais inspecter les divers services militaires installés dans les gares régulatrices de Noisy-le-Sec et de Pantin. À Noisy, une foule très bienveillante se presse sur notre passage. Sembat est agréablement étonné de l’accueil qui nous est fait. « L’opinion du peuple, me dit-il, ne ressemble guère, par bonheur, à celle d’une partie de ses représentants. » Nous visitons avec intérêt, dans les locaux de la gare, la pharmacie et les bureaux du service sanitaire. Nous passons en revue les wagons-poste, les approvisionnements de l’intendance, les lots de vivres et de conserves, les rebuts et les débris que l’artillerie et le génie ont