Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/419

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l’Ourcq. Comme vous le verrez, les travaux sont très avancés. Nous y avons employé les troupes du camp retranché et aussi quinze mille travailleurs civils qui étaient en chômage et que nous avons occupés. » Gallieni me remet, en même temps, plusieurs notes, dont l’une explique, avec gravures à l’appui, la manière de creuser les tranchées, la largeur et la profondeur qu’elles doivent avoir, l’inconvénient des tracés trop rigides et des profils trop saillants, la meilleure façon d’établir les communications et les abris. À tout ce que dit Gallieni, on sent qu’il a le génie de l’ordre et de la méthode.

Dans l’après-midi, je reçois à l’Élysée M. Étienne Lamy, secrétaire perpétuel de l’Académie française. Il me donne très loyalement la raison de son hostilité à la candidature de Maeterlinck. Le gouvernement belge est catholique. On risquerait de le mécontenter. Lamy croit, en revanche, qu’après la guerre, on pourrait admettre à l’Institut les souverains alliés, et il parle de la victoire avec émotion, comme, d’une réalité que nous tenons déjà.

M. Massard, vice-président du conseil municipal, directeur de la Patrie, portant l’uniforme de capitaine de territoriale, me dit avec tristesse que Paris se détache du gouvernement et de moi : dans les tramways, les conversations sont mauvaises ; il y a beaucoup de souffrances ; les journaux se plaignent de la censure ; des troubles seraient à redouter le jour où les allocations aux familles des mobilisés seraient supprimées. Je réponds à M. Massard qu’elles ne seront pas supprimées avant la paix et que, même à cette date, elles ne le seront pas brusquement. Mais,