Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/424

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l’action avec la nôtre et avec celle des Belges. C’est à Foch qu’était échue cette tâche délicate : premier essai, bien timide encore et bien incomplet de l’unité de commandement. Mais, du moins, la leçon de cette expérience ne sera pas perdue et un jour viendra, en mars 1918, où Anglais et Français auront profit à se la rappeler.

Attiré par la vaste plaine des Flandres, où se sont, au cours des siècles, décidées tant de guerres, Foch a eu, d’abord, dans la première quinzaine d’octobre, la pensée de jeter sur Menin et sur Courtrai les troupes franco-britanniques. Mais la chute d’Anvers, survenue le 9 octobre, l’a condamné à abandonner ce séduisant projet et, au lieu d’une attaque, il a dû préparer une défensive et assurer la retraite de l’armée belge. Déjà, l’ennemi s’avançait dans le sable des dunes jusqu’aux approches de Nieuport. Par un coup de maître, Foch a porté immédiatement en ligne la 42e division, celle-là même qu’il avait si hardiment fait défiler derrière les marais de Saint-Gond pendant la bataille de la Marne. Elle est arrivée d’une seule traite à la frontière belge et Foch l’a chargée d’étayer nos alliés à Nieuport et sur l’Yser. Les six divisions belges se sont arrêtées à la même hauteur et ont ainsi conservé à leur patrie le lambeau de territoire où elles se sont accrochées comme à un emblème de l’indépendance nationale. Le front des alliés dans les Flandres s’est donc désormais trouvé plus solidement constitué ; les Anglais à droite, les Français au centre, les Belges à gauche et la 42e division à l’extrême-gauche, près de la mer, où veillaient des monitors et des contre-torpilleurs anglais. Nos troupes