Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/425

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ont elles-mêmes été successivement renforcées par les XIe, XVIe, XXXIIe, XXe corps. Le 22 octobre, le général Foch, d’accord avec nos. alliés belges et britannique», a ordonné l’offensive, pour prévenir et déjouer une grande attaque allemande qu’il sentait de plus en plus menaçante. C’était la bataille de l’Yser qui commençait et qui allait être bientôt suivie de la bataille d’Ypres.

Dès les premières rencontres, nous sommes arrêtés par les Allemands, qui réussissent à établir onze passerelles sur la boucle de l’Yser. C’est à ce moment que le génie belge ouvre les écluses et que la marche de l’ennemi se brise contre la force de l’eau. Foch me donne tous ces détails avec beaucoup de simplicité et de modestie. Il me rapporte ensuite un incident qui s’est produit avant-hier et dont il reste assez ému. Dans la soirée du 30 octobre, il a tout à coup appris à Cassel que les Allemands ont déchiré d’un seul geste le rideau de cavalerie britannique et qu’il» ont enlevé Ramscapelle et Hollebeek. Il s’est précipité, à minuit, chez le maréchal French et l’a réveillé. « Avez-vous des réserves ? lui a-t-il demandé. — Malheureusement non, a répondu le-maréchal. — Je vais vous en envoyer. Tenez jusqu’à ce qu’elles vous arrivent. — Je ferai le possible. » Foch est rentré à Cassel et à deux heures du matin a donné des ordres pour que des renforts fussent dirigés sur l’armée anglaise. Mais le Ier corps britannique était presque anéanti. Le maréchal French songeait encore à retirer son artillerie lourde et même à battre en retraite. Foch court à Wlamertynghe et appelle French auprès de lui : « Croyez-moi, lui dit-il, si nous accusons notre faiblesse, nous serons emportés comme des fétus