Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/433

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maréchal anglais un heureux ascendant ; il a établi une liaison constante entre les deux armées, grâce au général Wilson, celui de tous les officiers britanniques qui paraît le mieux comprendre les idées françaises ; les choses vont maintenant aussi bien que possible avec nos alliés ; il n’y a aucun avantage à changer les hommes.

Je m’attarde quelque temps, dans le vieil hôtel de ville de Cassel, avec Foch et ses lieutenants. Des cartes sont étendues sur les tables et pendues au mur. Le général m’expose en détail, avec une maîtrise souveraine, les opérations d’hier et de demain.

L’après-midi, je fais ajouter à notre programme un article qui y était omis. Nous rentrons en Belgique pour y saluer l’armée d’Urbal. Nous nous dirigeons donc sur Poperinghe et de là sur Wla-mertynghe, poste de commandement de ce général. Il y a, sur les routes, un mouvement extraordinaire. Des troupes nombreuses sont transportées dans la région d’Ypres. Des fourgons automobiles, remplis d’hommes, se succèdent sans interruption. Voici notamment les chasseurs du 3e bataillon. Dès qu’ils me reconnaissent, ils me saluent avec empressement et me donnent ainsi la preuve de la puissance d’encouragement qu’un chef d’État porte en lui, lorsqu’il s’approche des armées. Dans les villages traversés, les soldats au repos multiplient les mêmes témoignages de déférence. Bien qu’ils n’aient pu être prévenus de notre visite improvisée, ils accourent spontanément vers nous, aussitôt qu’ils nous aperçoivent, s’arrêtent, se mettent au fixe et nous envoient leur salut. Quelques-uns même poussent des vivats : « Voilà qui n’est guère réglementaire, dis-je à