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l’un des propriétaires des mines, qui est un ami de Ribot et de Léon Bourgeois et qui se montre heureux de nous offrir l’hospitalité.


Mardi 3 novembre

Avant de reprendre le cours de notre voyage, nous revêtons des costumes de mineurs, chapeaux ronds et rigides, sarraus bleus, ceinturons, pantalons de toile. Dans cet accoutrement, nous nous faisons transporter en automobile jusqu’à un puits profond de trois cents mètres. Nous montons dans les bannes et l’on nous descend dans une galerie où travaillent les rares ouvriers non mobilisés et où vivent de pauvres chevaux déshabitués de la lumière céleste. Je suis invité a donner un coup de pioche dans la veine et je m’acquitte assez maladroitement de cette obligation traditionnelle. Les ouvriers me remercient aimablement. Leurs camarades se conduisent très bien aux armées. Beaucoup de ceux qui sont restés à la mine travaillent sous le feu. J’ai voulu leur donner, à tous, une marque d’intérêt et de reconnaissance. Je laisse une offrande à leur caisse de secours et je les assure que j’emporte le meilleur souvenir de ma visite. Elle me vaudra pendant la guerre de nombreux filleuls dans les familles de mineurs et des relations épistolaires qui ne se briseront jamais.

Nous partons pour Saint-Pol, la petite ville du Pas-de-Calais, que détruisit jadis Charles-Quint et que se disputèrent si longtemps Espagnols et Français. Elle est aujourd’hui le quartier général de l’armée de Maud’huy. Enfant de Metz, qui nous a été enlevée lorsqu’il avait treize ans, le général de Maud’huy combat avec passion pour la délivrance