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félicitations, que je le prie de communiquer aux troupes. Puis, rappelé encore une fois à Bordeaux pour la présidence des Conseils des ministres, je repars le soir même par train spécial. Mais je prends soin de faire annoncer dans la presse que je ne resterai en Gironde que très peu de jours et, qu’à mon retour, je me rendrai aux armées de l’Est que jusqu’ici j’ai, bien malgré moi, un peu négligées.


Vendredi 6 novembre

J’arrive le matin à Bordeaux. Les ministres m’attendent sur le quai de la gare. Le temps de secouer la poussière du train et je préside le Conseil. Malgré les objections que présentent certains membres du cabinet, notamment MM. Briand et Ribot, et auxquelles je m’associe, le gouvernement confirme la mission qu’il a, en principe, décidé de confier à M. Caillaux : voyage au Brésil pour étudier la question des câbles et celle des relations économiques entre ce pays et la France. Si importantes que soient ces études, personne ne peut croire sérieusement qu’elles suffisent longtemps à l’activité et à l’ambition de M. Caillaux.

Je rends compte au Conseil de ma visite aux armées et je prie les ministres de me mettre moi-même au courant de ce qui s’est passé pendant mon absence. C’est surtout Delcassé qui a des renseignements importants à me donner. La Turquie s’est démasquée. D’une part, le gouvernement ottoman paraît vouloir menacer l’Êgypte : d’autre part, le 29 octobre, à Odessa, deux torpilleurs turcs ont pénétré dans le port, coulé une canonnière russe et tiré sur le paquebot français Portugal1.