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flotte et de l’armée turques. » Réuni dans la soirée du 30 octobre sous la présidence du grand vizir, le grand conseil du gouvernement ottoman et du comité Union et Progrès s’est prononcé à l’unanimité pour le maintien de la paix avec la Triple-Entente. Il a décidé de remettre une note à l’ambassadeur de Russie pour demander le règlement amiable ou arbitral des incidents de la mer Noire. Djavid bey a été délégué auprès des trois ambassadeurs pour préparer les voies à un arrangement. M. Bompard a répondu qu’il n’y en avait aucun de possible tant que des forces allemandes, militaires et navales, seraient maintenues en Turquie. Djavid bey a dû reconnaître l’impossibilité d’en obtenir le renvoi ou, tout au moins, l’impuissance du gouvernement turc à le prononcer et surtout à l’exécuter4. Les trois ambassadeurs ont demandé leurs passeports au grand vizir.

Malgré cette rupture avec la Turquie, sir Ed. Grey considère la neutralité de la Bulgarie comme restant certaine. D’abord, le gouvernement bulgare a promis à M. de Panafieu et au ministre de Russie qu’il ne profiterait pas de l’occasion pour entrer en guerre5 ; et puis, il comprend que l’abandon de la neutralité l’exposerait à l’intervention de la Roumanie. Mais, si le Foreign Office ne se défie pas encore de la Bulgarie, il n’a plus aucun ménagement envers la Sublime-Porte. Celle-ci est condamnée aux yeux de l’Angleterre ; elle ne peut plus être la gardienne des détroits6.

Maintenant que la Grande-Bretagne va se