Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Gœben et le Breslau continuent leurs courses mystérieuses. Après avoir bombardé notre côte algérienne, ils sont allés charbonner à Messine et ils ont passé hier près du cap Matapan, route à l’Est.

L’amirauté britannique nous fait savoir32 que ses forces navales de la Méditerranée ne sont pas en mesure de fermer à elles seules l’entrée de l’Adriatique. Déclarer dès maintenant la guerre à l’Autriche, ce serait donc l’inciter à attaquer l’escadre anglaise, qui serait condamnée à se retirer. L’amirauté ajoute qu’aussitôt que l’escadre française pourra lui prêter son appui, il n’y aura plus la moindre objection à la rupture avec Vienne. M. Augagneur m’assure qu’aujourd’hui même nos transports de troupes sont assez avancés pour que nos bâtiments ne tardent plus à coopérer avec la flotte alliée. La condition posée par l’Angleterre est remplie. Nous allons donc pouvoir sortir de l’étrange provisoire où nous sommes retenus, en face des menées autrichiennes.

Un mauvais son de cloche nous vient de Sofia33. La Russie a interrogé le roi Ferdinand sur les intentions de la Bulgarie. Elle s’y est prise assez maladroitement, en joignant les menaces aux promesses. Naturellement, le roi ne s’est engagé à rien. Il s’est retranché derrière son gouvernement, dont, en général, il ne se soucie pas beaucoup. Le président du Conseil s’est retranché derrière le roi. Ferdinand et ses acolytes n’ont pas changé. Leur duplicité nous réserve, sans doute, quelques surprises.

Sur d’autres points, les télégrammes russes sont