Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/458

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établie avec les armées, avec les gares de ravitaillement et avec les forts. On n’a que deux canons verticaux de 75. Dans une quinzaine de jours, le centre disposera de vingt-cinq avions. C’est malheureusement encore bien peu. Joffre et Gal-lieni croient que les Allemands construisent une flotte importante de zeppelins ; ils ont, en Belgique, amélioré les hangars existants et ils en ont créé de nouveaux. Cette flotte aérienne paraît devoir agir contre trois objectifs principaux, Paris, Londres et la flotte anglaise. Dans la situation actuelle des armées, les dirigeables ennemis pourraient, avec de faibles détours, en se dirigeant, d’abord, sur le triangle Laon, La Fère, Noyon, accomplir la plus grande partie de la route vers Paris sur une zone qui n’offrirait pour eux aucun danger et qui leur permettrait même la navigation en plein jour ; il ne leur resterait plus à faire de nuit, au-dessus de nos lignes, qu’une centaine de kilomètres. La défense contre ces engins ne saurait être organisée qu’avec des projecteurs et des canons, car l’attaque se faisant dans l’obscurité, l’avion tel qu’il est aujourd’hui ne pourrait coopérer utilement à la protection de la ville. C’est donc en avant de Paris qu’il faudra éclairer et tirer. Les faisceaux lumineux qui balaient le ciel parisien ont, en effet, l’inconvénient grave d’offrir à l’ennemi un point de direction. Une attaque par le canon au-dessus de Paris serait, du reste, dangereuse pour les habitants. Le général en chef et le gouverneur militaire jugent nécessaire la mise en fabrication d’une nombreuse artillerie à tir vertical avec projecteurs, le tout sur automobiles. Les commandes nécessaires sont faites.