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de renfort seraient amenés. L’attaque commencerait dans deux ou trois jours et serait plus violente que toutes les autres22. Joffre croit ces informations inexactes et il estime que, pour le moment, tout au moins, nous avons porté à l’offensive allemande un coup décisif.



22. De Londres, n° 1074.


Lundi 23 novembre

On me laisse enfin briser mes chaînes. Je partirai demain soir pour Paris et pour les armées de l’Est. Joffre ne s’émeut pas des pronostics de lord Kitchener et il a levé son veto. Sur la proposition de Millerand, il a été convenu que j’irais à Romilly remettre au général en chef la médaille militaire. Mais Viviani incline, de nouveau, à retarder notre retour définitif à Paris et il songe à reculer la convocation des Chambres.


Mardi 24 novembre

La grande-duchesse Anastasie Michaïlovna, veuve du duc de Mecklembourg, notre ancienne voisine d’Èze, m’écrit de Milan une longue lettre, où elle me demande si elle ne pourrait pas être traitée en France, comme elle l’est en Russie, c’est-à-dire être, malgré son mariage, considérée comme une grande-duchesse russe, et non comme veuve d’un prince allemand. Elle voudrait avoir la permission de revenir sur la Côte d’Azur, où elle a coutume de passer l’hiver. Bien qu’elle soit belle-mère du kronprinz impérial, le gouvernement consent à lui donner un laissez-passer. Je le lui envoie, mais peut-être sera-t-il bon de veiller à ce qu’il ne lui permette pas de communiquer,