Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/468

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Viviani, et chez le président de la Chambre, comme chez le président du Conseil, il semble parfois que l’horreur du drame auquel nous assistons secoue trop brutalement le système nerveux.

Nous nous rendons, d’abord, au grand quartier général, qui est toujours installé à Romilly, mais qui va être transporté à Chantilly. Millerand, venu de son côté, nous attend. Dans le vaste préau des écoles, devant les officiers du G. Q. G., je remets solennellement à Joffre la médaille militaire. Il se tient devant moi dans une attitude modeste et presque embarrassée. Ses yeux d’un bleu limpide restent fixés sur moi. Les clairons sonnent aux champs. Je m’approche du général et j’épingle sur sa robuste poitrine le petit bout de ruban jaune. Puis, debout entre les présidents des deux Chambres, je lui adresse l’allocution suivante :

« Mon cher général, il m’est très agréable de vous remettre aujourd’hui, en présence de MM. les présidents des Chambres, de M. le président du Conseil et de M. le ministre de la Guerre, cette simple et glorieuse médaille qui est l’emblème des plus hautes vertus militaires et que portent avec la même fierté généraux illustres et modestes soldats.

« Veuillez voir dans cette distinction symbolique un témoignage de la reconnaissance nationale.

« Depuis le jour où s’est si remarquablement réalisée, sous votre direction, la concentration des forces françaises, vous avez montré, dans la conduite de nos armées, des qualités qui ne se sont pas un instant démenties : un esprit d’organisation,