Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/493

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que, dans la défense de la cause commune, nous qui combattons sur notre propre territoire, nous ne sommes pas les plus avantagés.

Nous visitons deux quartiers généraux ; nous passons en revue des cavaliers, des artilleurs, des fantassins, et nous revenons assez tard à Saint-Omer, où se trouve le quartier général du maréchal French. La ville a l’aspeet d’une cité britannique. Partout des officiers et des soldats anglais, qui vivent dans les meilleurs termes avec la population. C’est cependant en très bon français que les Audomarois me disent leur joie de mon arrivée.

Nous dînons chez le maréchal French. Le roi a tenu à m’inviter lui-même, se considérant comme chez lui au milieu de ses armées, quoiqu’en territoire français. Assistent seuls au repas le prince de Galles, toujours presque aussi jeune que lorsqu’il était l’hôte du marquis de Breteuil14, le maréchal French, deux officiers anglais, le général Duparge, le colonel Pénelon, le colonel Huguet, chef de notre mission militaire au quartier général anglais. Le roi me parle sans aménité de M. Cail-laux, que sir Francis Bertie lui a représenté sous un jour peu favorable15. « Enfin, me dit-il, il part pour le Brésil. C’est un soulagement. » Il ajoute que personnellement il est, comme, du reste, le gouvernement britannique, d’avis de poursuivre la guerre jusqu’à l’anéantissement de l’impérialisme germanique. Il compte profiter de son séjour en France pour aller saluer son cousin le roi Albert Ier à Furnes ou à La Panne.



14. Voir Le lendemain d’Agadir, p. 188 et s.
15. The diary of lord Bertie, Hodder and Stoughton, London, vol. Ier, p. 224.