Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/500

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chef des troupes de l’intérieur. Ce qui serait inadmissible, ce serait de priver la France d’un serviteur tel que lui. » Après une assez longue délibération, le cabinet finit par se ranger à mon opinion. Il décide qu’aucune mesure ne sera prise avant notre retour à Paris et que nous rentrerons tous, en fait, la semaine prochaine.

Le gouvernement serbe a décidé que son armée allait abandonner Belgrade. Il nous demande, à l’Angleterre, à la Russie et à nous, d’insister à Athènes pour que la Grèce lui envoie 80 000 hommes de secours ; il sollicite, en même temps, de nous une nouvelle avance de 100 millions18. M. Venizelos est disposé, en principe, à réaliser le désir de M. Pachitch, mais à la condition que la Triple-Entente garantisse au roi Constantin que la Grèce ne sera pas attaquée par la Bulgarie19. Je me demande comment la Triple-Entente pourrait offrir à la Grèce une telle garantie.

Pendant mon absence, M. Sazonoff a encore donné libre carrière à la folle du logis. M. Paul Cambon ne peut s’empêcher de mettre Delcassé en garde contre les tentatives un peu désordonnées du ministre russe : « J’ai eu trop souvent l’occasion, télégraphie-t-il20, de signaler la précipitation de M. Sazonoff et de regretter l’empressement avec lequel ses propositions sont transmises, pour revenir sur mes précédentes réflexions. Je suis persuadé que si les représentants de la France et de l’Angleterre lui présentaient leurs observations et discutaient les formules qu’il se plaît à