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produire à tout propos, sans attendre l’effet de ses suggestions précédentes, il le comprendrait, car il est intelligent et bien intentionné. » Peut-être ces justes observations détourneront-elles un peu Delcassé de se laisser aussi souvent remorquer par le ministre du Pont-aux-Chantres.



18. De Nisch, n° 358.
19. D’Athènes, n° 211.
20. De Londres, n° 1127.


Vendredi 4 décembre

Le nouvel ambassadeur des États-Unis, M. William G. Sharp, me remet ses lettres de créance, signées du président Woodrow Wilson et de M. Bryan, secrétaire d’État. Il m’adresse son allocution en anglais, car, pas plus que son prédécesseur, il ne parle la langue du pays où il est chargé de représenter le sien. Il semble que l’Amérique choisisse maintenant par principe, même pour Paris, des diplomates qui ne savent pas un mot de français. M. Sharp m’exprime donc en anglais le vœu que « des épreuves de l’heure présente puissent bientôt sortir les bienfaits d’une paix longue et heureuse. » Je lui réponds par quelques banalités aimables et j’ajoute : « Je vous remercie des vœux que vous faites pour le rétablissement d’une paix « longue et heureuse. » S’il n’avait dépendu que du gouvernement français, la paix n’aurait jamais été troublée. À une attaque brutale, nous avons répliqué avec ce patriotisme et cette bravoure, auxquels vous voulez bien rendre hommage. Nous sommes déterminés à remplir jusqu’au bout le devoir qui nous a été imposé. Pour qu’elle soit « longue et heureuse », pour qu’elle ne soit pas illusoire et trompeuse, il faut que la paix soit garantie par la réparation intégrale des droits violés et prémunie contre des attentats futurs. »