Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/508

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Blumenthal et les autres réfugiés dont les sentiments français ne sont pas douteux.

Pas de Conseil ce matin. MM. Malvy, Ribot, Augagneur, ont déjà rejoint Briand à Paris. Je suis cependant forcé de rester à Bordeaux jusqu’à mardi soir, puisque le président du Conseil y est encore avec les ministres de la Guerre et des Affaires étrangères, et que c’est par conséquent ici que je dois, dans la mesure de mes attributions, veiller à la besogne quotidienne du gouvernement et coordonner l’action des ministres chargés, au dedans et au dehors, des services de Défense nationale.

Dans le volumineux courrier qui m’arrive chaque jour des armées et qui abonde en lettres touchantes, j’en trouve une qui m’émeut particulièrement. Un lieutenant et deux sous-officiers du VIe corps, totalement inconnus de moi, MM. Nicolas, Florent Derieux et Cardinal, m’envoient du village meusien de Nubécourt, où ils sont de passage, un message où ils m’expriment des sentiments qui me vont au cœur. Ils y joignent deux aquarelles qui représentent mon petit cimetière de famille violé par les Allemands et des vers que leur a inspirés cette profanation. J’adresse un mot de remerciements à ces braves gens, mais comment leur dire toute ma gratitude ? Sauront-ils jamais le bien que m’a fait, en des heures douloureuses, leur délicate pensée ?


Lundi 7 décembre

M. Giolitti a produit hier à la Chambre italienne des révélations sensationnelles. Il a expliqué comment le gouvernement royal a refusé, le 9 août 1913, de coopérer à une attaque autrichienne