Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/514

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fiance dans ses chefs et elle est profondément pénétrée de la conviction que nous finirons par l’emporter. À défaut de la victoire immédiate et décisive qui lui échappait, l’Allemagne a cherché dans diverses opérations limitées des avantages partiels. Elle n’a pas été plus heureuse. Dans les trois jours qui ont suivi la déclaration de guerre, l’état-major allemand avait massé en avant de Nancy des forces importantes, avec la pensée évidente de briser nos lignes, dès les premières heures, par une attaque brusquée. Il a renoncé à ce projet, parce que le renforcement de notre couverture, facilité par le service de trois ans, et l’organisation défensive du Grand-Couronné, commencée dans les premiers mois de 1914, ont détourné l’adversaire d’une entreprise qui, possible avant les réformes militaires de 1913, était désormais pleine de risques. Faute de pouvoir atteindre Nancy, le commandement ennemi a employé toutes ses ressources à la manœuvre débordante qui devait, par l’enveloppement de notre gauche, permettre l’investissement de Paris. Vain espoir. Notre gauche n’a pas été enveloppée. Paris n’a pas été investi. Et c’est l’armée allemande qui, par une retraite précipitée, a dû sauver, dans la seconde semaine de septembre, ses communications menacées. Par un effort désespéré, l’état-major ennemi, qui n’avait pas osé avouer sa défaite au peuple allemand, a tenté de compenser le fâcheux effet moral de ce recul forcé en perçaat notre centre dans les plaines de Champagne. Il a échoué et a dû se replier de nouveau en grande hâte. Au mois d’octobre, avec plus d’extension, il a essayé de répéter sa manœuvre enveloppante et de tourner notre gauche. Mais,