Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/529

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pas voulu ou osé recevoir ce voyageur indiscret, s’est senti obligé de lui accorder une audience. Aucun renseignement n’a été donné sur l’entretien, mais il semble facile d’en deviner le thème et d’en prévoir la conclusion6.

Sans trop s’émouvoir de ces intrigues, les Serbes continuent à se battre. Ils viennent d’attaquer l’ennemi dans la direction de Belgrade et l’ont délogé de ses positions les plus importantes7.

Nous sommes informés que les souverains des trois royaumes Scandinaves doivent se rencontrer en Suède avant les fêtes de Noël, pour aviser en commun au maintien définitif de la neutralité dans leurs pays respectifs8. C’est évidemment le mieux que nous puissions souhaiter.



6. De Sofia, 13 décembre sans numéro.
7. De Nisch, nos 402 et 404.
8. De Stockholm, n° 134.


Mardi 15 décembre

Le colonel Pénelon me téléphone du quartier général que le jeune Max Barthou, fils unique de l’ancien président du Conseil, a été tué hier dans les rues de Thann par un obus allemand, qui a fait trois autres victimes, entre autres Jean Bénac, fils de l’ancien directeur du mouvement général des Fonds9. Max Barthou s’était volontairement engagé il y a quelques semaines et, à sa demande, avait été envoyé ces jours-ci sur notre front d’Alsace. Il brûlait de se battre et n’en avait pas encore trouvé l’occasion. Voici qu’il tombe à la fleur de l’âge sans même avoir pu satisfaire sa noble ambition patriotique. Je vais voir son père, que je trouve