Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/548

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durs. Le sang coule partout. La voix du canon couvre celle des cloches de Noël. Et pourtant, il faut tenir et durer.


Samedi 26 décembre

Malgré tous les efforts que le gouvernement a faits pour obtenir le concours militaire des Japonais en Europe, M. Clemenceau, qui ne perd pas une occasion d’exercer son opposition, redevenue systématique, et mon ami Stephen Pichon, si malmené l’an dernier par son ancien chef, mais retombé sous les griffes du tigre, ne cessent pas de nous reprocher, l’un dans l’Homme enchaîné, l’autre dans le Petit Journal, l’abstention persistante du cabinet de Tokyo. Or le gouvernement japonais a lui-même rencontré, sur les modalités de son intervention dans la guerre, de vives résistances dans sa propre Chambre des députés et il vient, par surcroît, d’être mis en minorité sur une question de politique intérieure. Il est donc à craindre que le rêve oriental de M. Clemenceau ne se réalise pas20.

MM. Dubost et Alexandre Bérard me disent que la Commission des finances du Sénat se préoccupe vivement des marchés de la guerre, dont plusieurs lui paraissent avoir été passés avec une grande légèreté. Si le contrôle parlementaire est pratiqué avec conscience dans les deux assemblées et si les commissions ont assez de tact et de discrétion pour surveiller la gestion gouvernementale sans prétendre la diriger, elles pourront certainement rendre de précieux services. J’attire l’attention de Millerand sur les observations de Dubost